1. Les coraux : un relief vivant
    1. Aspects de la biologie des coraux (A. Ferry & F.Trentin)

Facteurs écologiques : un développement sous conditions.

La lumière est indispensable à la photosynthèse des zooxanthelles, par conséquent les coraux seront présents majoritairement dans les eaux peu profondes (l'éclairement diminue avec la profondeur) et transparentes (diminution de la luminosité avec la charge de particules en suspension). De plus la sédimentation des éléments en suspension étouffe les polypes.

La température est optimale entre 25 et 30 °C;

Si la température s'élève ou si l'intensité lumineuse est trop intense pendant une période trop longue, les coraux blanchissent. Le blanchissement des coraux est dû soit à une diminution de la teneur en pigments photosynthétiques des zooxanthelles soit à l'expulsion de ces dernières par leur hôte.

Les coraux durs ne sont pas les seuls à blanchir, de nombreux autres organismes tels que les anémones, les coraux mous ou alcyonaires peuvent perdre leurs symbiotes. La sensibilité est différente selon les espèces : les Acropora apparaissent souvent comme les plus sensibles.

Des chercheurs ont montré que l'augmentation de l'intensité lumineuse entraîne la production de radicaux oxygénés toxiques qui seraient à l'origine de l'expulsion et de la mort des zooxanthelles.

Colonie d'Acropora sp. blanchie
Colonie d'Acropora sp. blanchie
(Lagon de St Leu, Mars 2004)

 

Si le retour des conditions normales intervient dans un délai suffisamment court, les polypes peuvent récupérer des algues dans le milieu ou permettre à nouveau leur multiplication dans leurs tissus. Ainsi, les coraux se rétablissent et reprennent leur couleur. Si ce retour est trop tardif, les coraux meurent.

Des travaux récents suggèrent que les zooxanthelles qui recolonisent les polypes pourraient être plus résistantes aux conditions du milieu et permettre ainsi une adaptation des coraux aux changements climatiques…

Les phénomènes de blanchissement s'ils étaient connus depuis longtemps, ont été particulièrement marqués lors des épisodes El Niño de 1982-83 et surtout en 1998 (cf. ARVAM et le réseau CORDIO d'évaluation des conséquences économiques du blanchissement de 1998).

Chaque été, des épisodes de blanchissement plus ou moins important peuvent être observés dans les lagons de La Réunion et à moindre échelle sur la pente externe. L'augmentation de la température joue certainement un rôle déterminant ; selon C. Conand, la température de l'eau de surface a augmenté de 0,8°C dans les lagons en 10 ans.

Cependant, il ne faudrait pas oublier les autres stress qui, sans impact direct apparent, concourent eux aussi à affaiblir les colonies coralliennes, à hypothéquer leur développement et à les rendre plus vulnérables au phénomène de réchauffement.

 

L'analyse de la carte ci-contre (document 9) permet de montrer l'interruption de la barrière récifale au niveau des passes.

Elles correspondent aux débouchés des ravines (Saline, Hermitage, Trois bassins, Saint Gilles) qui véhiculent périodiquement des eaux non seulement turbides mais aussi douces.

En effet les coraux ne supportent que très mal les écarts à la salinité de l'eau de mer (35 à 40 pour mille ), d'où leur absence en eau dessalée.

 

 

Document 9 : carte de la région de st-Gilles
le lagon de St-Gilles

 

Le mode ou hydrodynamisme (vents, houles, marées, courants) est un facteur dont peut dépendre l'absence ou la présence de certains coraux et la morphologie du récif.

Une agitation correcte permet une bonne oxygénation, le renouvellement du plancton et évite un excès de sédimentation.

Ainsi, la répartition des colonies coralliennes en fonction de leur forme (document 10, ci-contre), (branchues, massives ou encroûtantes), le long du profil récifal (document 11 et 12, ci-dessous) est à relier avec l'hydrodynamisme.

Document 10 : Quelques formes de Scléractiniaires Forme massive Forme encroûtante
Forme massive
Forme encroûtante
Forme foliacée Forme branchue
Forme foliacée
Forme branchue
Forme de la colonie et zonation Forme de la colonie et profondeur
Document 11
Document 12
CE : Chenal d'embarcation (correspond à la zone de baignade à fond sableux);
PC: platier compact formé par la coalescence des colonies coralliennes;
PAT : platier à alignements transversaux = ensemble épirécifal
ZD: Zone à déferlement;

•  Les formes branchues représentent 77% du recouvrement au niveau du platier compact (PC) puis ce pourcentage décroît rapidement quand on s'éloigne vers le large pour n'atteindre que 4% à 30 m de profondeur. Ces formes semblent mal adaptées aux faibles valeurs d'éclairement et aux fortes conditions hydrodynamiques comme le montre le faible taux de recouvrement dans la zone de déferlement (ZD).

•  Les formes massives montrent peu de variations dans leur taux de recouvrement. Elles sont adaptée au mode battu car particulièrement présentes dans la zone de déferlement.

•  Les formes encroûtantes atteignent, contrairement au formes branchues, un taux maximum de recouvrement à 25m de profondeur. Elles semblent bien adaptées aux faibles valeurs d'éclairement

conditions de vie du corail des coraux

•  Un dernier facteur peut être envisagé, celui de la qualité du substrat qui conditionne l'implantation des coraux et la colonisation de nouveaux milieux. Les zones sableuses ou les cordons littoraux à galets ne constituent pas des supports suffisamment stables pour permettre l'implantation des colonies coralliennes.