Les premières traces (paléozoïque) de barrière corallienne remonteraient
à environ 500 millions d'années ; entre le début du Cambrien,
la moitié du Silurien et la moitié du Dévonien (560 à
360 millions d'années), trois périodes au moins ont été
caractérisées par une forte expansion mondiale des coraux et de
grandes plates-formes carbonatées en liaison avec la hausse globale du
niveau de la mer et un réchauffement de l'eau (la région où
la température moyenne de l'eau se maintient à plus de 20oC s'est
étendue jusqu'à 40-45o de latitude N et S).
A cette époque où les coraux atteignaient
leur maximum d'expansion, les espèces étaient différentes
de celles d'aujourd'hui. Ils recouvraient plus de 5 millions de km2 et leur taux
de croissance pouvait atteindre 200 mètres par millions d'années.
Néanmoins, à la fin du Dévonien, il y a 360 millions d'années,
ces récifs se sont réduits brutalement, ils ne couvraient plus alors
que 1000 km2. (Le choc entre l'Amérique du Nord et l'ancien Gondwana a
modifié les courants marins et entraîné une baisse de la température).
Au mésozoïque, une nouvelle poussée corallienne se produisit
au moment de la mise en place de grandes coulées de basalte entre l'Inde
et le Pakistan qui conduisit à l'ouverture d'un nouvel océan ; La
Thétys.
Ce nouvel océan unissait alors l'Atlantique, la Méditerranée
(partie alors fort riche car à cette époque 60 espèces fossiles
y étaient recensées contre 30 actuellement présentes dans
l'Atlantique), l'Océan Indien et Pacifique.
Vers la fin du tertiaire, du néogène à l'holocène
(il y a 25 millions d'années), le morcellement de la Téthys, provoqué
par la dérive des continents, a entraîné la naissance des
continents actuels. Il s'ensuit d'importantes conséquences sur la distribution
et l'évolution des coraux hermatypiques (du grec "herma" barrière).
La Téthys méditerranéenne s'est alors refermée quand
l'Inde est allée heurter l'Asie, la faune a alors migré vers l'Indonésie.
Au pliocène, (de - 14 à - 11 millions d'années), les fonds
de l'Atlantique occidental se sont isolés de ceux de la région indonésienne
par rapprochement progressif et soulèvement des terres de l'Amérique
centrale.
C'est de cette époque que date l'existence des deux principales
provinces coralliennes Les Caraïbes et l'Indo-Pacifique. Cette dernière
s'est considérablement diversifiée avec ses 90 genres de coraux
résultant de l'évolution des trois grandes familles : Les Acroporidae,
les Poritidae, les Pocilloporidae. Pendant ce temps, la région Caraïbes
s'appauvrissait en passant d'une cinquantaine de genres à 26. L'isolement,
l'accroissement de la sédimentation avec l'émersion de la zone centraméricaine
par ailleurs responsables de changements climatiques, l'augmentation des précipitations
sont autant de facteurs défavorables à l'extension des coraux.
Au quaternaire, les barrières que nous connaissons ont évolué ces
dernières années avec les variations du niveau de la mer lors de
l'alternance des périodes glaciaires et interglaciaires.
- Il y a 10 000 ans le niveau de la mer était inférieur de 30m seulement
sauf dans les Caraïbes (130m)et le niveau de la mer augmentait de 10m / 1 000 ans.
- Il
y a - 7500 ans, la hausse n'était plus que de 6m / 1 000 ans.
- Entre - 6
000 et- 5000 ans, la hausse a ralenti encore.
- Entre - 4 000 et - 1500 ans, la mer dépassait d'un mètre son niveau
actuel.
La vitesse de croissance de la Grande Barrière oscille entre 1 et 14 mètres
en 1 000 ans tandis que pour la région Caraïbe, elle va de 0,3 à
12 mètres en 1 000 ans.
Cette élévation du niveau marin a entraîné une croissance
essentiellement verticale pour compenser la montée du niveau de la mer
qui a laissé place ensuite à une croissance plus horizontale favorisant
le développement des barrières.
Les formations coralliennes actuelles
La distribution actuelle couvre 0,17% de la surface des Océans et un peu
moins de 1/6 des côtes comprises entre 0 et 30m. Elle se limite aux régions
intertropicales, à part exceptions.
- La température de l'eau est un facteur décisif pour la prolifération
des coraux. La température de l'eau ne doit jamais descendre en dessous de 20°C.
- De même, la salinité doit rester comprise entre 34-37g/L
mais les coraux peuvent néanmoins supporter quelques heures des salinités
plus faibles (dues aux apports pluviaux) inférieures de 75%. Les salinités
élevées comme celles de la Mer Rouge ou du Golfe Persique sont bien
tolérées mais pas au-delà de 45g/L sauf pour les Porites
(48g/L).
-
La lumière est un facteur essentiel car l'activité chlorophyllienne
des zooxanthelles en dépend, les régions intertropicales bénéficient
d'une insolation importante et répartie équitablement toute l'année.
-
D'autres facteurs, comme les marées, sont déterminants car les coraux
n'aiment pas l'émersion prolongée ; néanmoins des espèces
plus poreuses comme Porites lutea résistent mieux car les fissures de son
squelette permettent la remontée d'eau par capillarité le long de
la colonie. D'autres espèces sont capables de sécréter un
mucus qui conserve l'humidité. La sédimentation (étouffement
des polypes par les particules), les courants, les vents influent sur le développement
corallien.
Les plus grandes régions coralliennes se situent en Indonésie (22
450 Km de long) et aux Philippines (17 500 Km) à titre de comparaison,
la Polynésie (6ème) avec 3 788 Km, Nouvelle Calédonie (8éme)
avec 3381 Km, l'Australie (9ème) avec 3 000 Km, Petites Antilles (22ème)
avec 796 Km. (D'APRÈS LES RÉCIFS CORALLIENS, INTRODUCTION À LA PLONGÉE,
ANGELO MOJETTA, ÉDITIONS GRÜND)
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