Existence de deux types de producteurs primaires :
Les coraux (P) : ce sont des animaux qui ont la propriété d'être
des producteurs primaires grâce à leur association avec des algues
microscopiques qu'ils "cultivent" en grand nombre dans leurs tissus
cellulaires.
Les algues (P') : molles ou calcaires, sont productrices de matières
organiques comme tous les végétaux chlorophylliens.
Réseau trophique simplifié de l'écosystème récifal |
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Dans l'écosystème récifal, les coraux sont les éléments
constitutifs de base. L'élaboration de leur squelette calcaire leur confère
un rôle constructeur en plus du rôle producteur.
Les algues et en particulier les algues molles sont concurrentielles dans
l'occupation de l'espace mais elles ne sont pas en mesure d'édifier des
reliefs protecteurs comme les coraux.
Aussi, une concurrence apparaît au niveau de l'espace :
L'algue possède un pouvoir de colonisation rapide mais les coraux bénéficient
de l'antériorité et, d'une certaine aptitude liée à
leur appartenance au règne animal.
Normalement, au cours du temps s'instaure un équilibre. Mais tout ce
qui peut favoriser l'algue pénalise par voie de conséquence le
corail et c'est l'édifice tout entier qui se retrouve menacé.
Les actions humaines dans le réseau trophique de l'écosystème
corallien contribuent à défavoriser le corail :
- Les algues concurrentes sont consommées par des organismes phytophages
comme des poissons brouteurs tels les Poissons Chirurgiens et les Perroquets
(C1).
Réduire de façon excessive cette population de ces poissons,
c'est favoriser le développement algaire aux détriments des coraux,
- Les coraux ont eux-mêmes leurs prédateurs : l'étoile de
mer, Acanthaster (C "1), digère les polypes coralliens sur place
et ne laisse que des squelettes blanchis. Les populations de cette étoile
de mer sont elles-mêmes régulées par d'autres organismes
tels les tritons-conques (C'2).
Des prélèvements excessifs de
ces coquillages sur de nombreuses populations coralliennes ont en leur temps
été rendus responsables de la multiplication de l'Acanthaster
et de l'anéantissement de zones coralliennes.
Parmi les prédateurs de coraux, on trouve également des poissons
comme certains Poissons Papillons (Chaetodontidés) (C'1) dont les populations
à l'état juvénile ou adulte sont régulées
par des super prédateurs comme les mérous ou équivalents
dans le réseau trophique (C2).
Cependant, il se trouve que parmi les poissons Papillons la diversité
est grande et les moeurs alimentaires très variées. Si un lapin
reste un lapin où qu'il soit, certaines espèces de poissons papillons
montrent des variations alimentaires d'une région à une autre,
d'un âge à l'autre, d'une saison à l'autre. Qui mieux que
des prédateurs naturels symbolisés par les mérous sont
aujourd'hui en mesure de remplir parfaitement leur rôle de régulation
? Certainement pas l'homme dont la connaissance des environnements marins est
loin d'atteindre celle des milieux terrestres. On conçoit donc aisément
qu'une surexploitation des poissons jouant un tel rôle dans le milieu
corallien puisse également nuire à son développement. Ne
faisons pas non plus de mauvais procès aux poissons papillons : ils sont
en équilibre avec les coraux depuis des millions d'années et leur
richesse spécifique (nombre d'espèces) est considérée
comme un indicateur de bonne santé pour ce dernier.
Ces quelques exemples ne doivent pas faire oublier la complexité de l'univers
corallien. Une chose est certaine, le milieu corallien a un équilibre
qui relève d'interrelations subtiles et aujourd'hui mal connues tant
la diversité est grande.
Ce milieu corallien à la Réunion comme dans tant d'autres pays
est aujourd'hui dans un état critique. Le corail est à la fois
abri, support et nourriture pour de multiples espèces. Il devient donc
urgent de prendre des mesures sérieuses qui permettent d'assurer son
maintien et son épanouissement. L'action qui consiste à protéger
les espèces régulatrices d'une exploitation abusive fait partie
de ces mesures.
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