|
|
|
retour blog | "Crise requins" : Dix questions fréquentes |
|
1. Connaît-on les causes des derniers accidents survenus avec des requins ? Aucune donnée scientifique ne permet de dire quelles sont les causes exactes des derniers accidents. Des idées sont avancées qui devront être vérifiées. 2. Les requins prolifèrent-ils? Leur présence est avérée depuis toujours sur les côtes réunionnaises. Aucun comptage n'ayant été fait, personne ne peut démontrer qu’il y a une augmentation de leur nombre. 3. La population de requins bouledogues a t-elle une grande capacité de reproduction? D’après la littérature, le nombre de nouveau-né est compris entre 1 et 13. Une femelle ne se reproduit qu’à partir de l’âge de 10 ans et tous les 2 ou peut-être 3 ans ce qui est un taux de reproduction assez faible. Il est donc difficile de mesurer la capacité de reproduction de ces requins, variable selon les individus et les conditions du milieu. 4. L’interdiction de la pêche aux requins est-elle responsable de l’augmentation autour de l’île, des populations de requins ? Le rétablissement de la pêche commerciale aux requins sera-t-elle efficace ? L’interdiction de la commercialisation des bouledogues et des tigres est une mesure prise pour protéger les consommateurs contre des toxines mortelles pouvant s’accumuler dans la chair de ces grands prédateurs. L’évaluation de ce risque reste lui aussi très problématique et dépendante de la capacité de déplacement des populations de requins d’une région à l’autre de l’Océan Indien. 5. Les prélèvements des requins sont-ils efficaces pour limiter le risque? La pêche autour de l'île, en fonction de son intensité, pourrait diminuer leur nombre. Mais personne ne pourra évaluer de combien le risque sera réduit. D'après la littérature, le requin tigre est une espèce qui migre à travers les océans et potentiellement les individus de La Réunion appartiennent à une population de plusieurs milliers d’individus éparpillés dans l’Océan Indien. Ce constat remet par conséquent en question l’efficacité d’une campagne de pêche locale pour réguler cette espèce. Les données disponibles à Hawaï montrent que les prélèvements sont inefficaces pour cette espèce. Daprès CHARC, les bouledogues se déplacent autour de l'île. Mais aucune donnée pour le moment ne permet d'affirmer qu'ils ne pourraient pas y avoir des échanges d'une île à l'autre voire même de plus loin. En Floride, ils parcourent plusieurs milliers de kilomètres en longeant les côtes. 6. Existent-ils des solutions fiables applicables directement à La Réunion pour réduire le risque requin ? Les solutions adoptées dans les zones à risques varient d’une région à l’autre. Mais aucune n'est fiable à 100%. Elles ont souvent un impact négatif sur d'autres espèces menacées de disparition. 7. La Réserve marine : un garde-manger pour les requins ? Une zone de reproduction idéale ? La réserve marine a été créée pour permettre la restauration des récifs coralliens fortement impactés par l’accroissement des activités humaines. Dans les résultats du rapport CHARC, il est fait mention de la présence de bouledogue face à l’étang du Gol (un exutoire et une rivière Saint-Etienne proche), au large des Roches Noires (ravine St Gilles pérenne) comme en baie de Saint-Paul (aboutissement des eaux de l’Etang et de la Rivière des Galets). Cette présence peut s’expliquer par les apports d’eau douce et ce qu’elles transportent. La pollution par les eaux douces pourrait être une hypothèse à la présence de ces espèces de requins. Si les lieux et les conditions idéales de reproduction de ces requins ne sont pas encore bien connus à La Réunion, il a été constaté que les femelles sont susceptibles de mettre bas au niveau de zones sableuses peu profondes (débouché de ravines et le long de plages largement ouvertes sur l'océan), où les jeunes grandissent ensuite. Le programme CHARC doit contribuer à mieux connaître leurs habitudes et les facteurs jouant sur leur comportement. 8. Pourquoi le point zéro de la réserve marine ne fait-il mention d’aucun requin ? Les scientifiques mentent-ils ? Le point zéro a évalué l’état du récif corallien (2004-2007) en se basant sur les organismes « clés » de l’état de vitalité du milieu : coraux constructeurs et poissons coralliens associés. Ce sont des indicateurs biologiques pertinents pour évaluer au cours du temps la reprise de la vitalité récifale c’est-à-dire l’ « effet réserve ». Dans un tel protocole, les recensements sont effectués sur des linéaires de 20 m pour les organismes vivants sur le fond tels que les coraux et des surfaces de 250 m2 pour les poissons (50 m de long sur 5 m de large). Cet échantillonnage est réalisé en plongée bouteille de jour et par bonne visibilité. Dans de telles conditions, l’opportunité de rencontrer un requin bouledogue mais surtout de recenser un requin sur une surface de 250m2 est quasi nulle. Les plongeurs « bouteille » actuels ne peuvent le démentir, eux qui les cherchent en vain. La méthodologie utilisée (surface limitée pour des organismes inféodés aux récifs coralliens, observations visuelles) n'est pas adaptée pour l'évaluation des requins (organismes qui se déplacent sur des grandes distances et non inféodés aux récifs coralliens pour les bouledogues et tigres). Mais, il va de soi qu’avec un tel protocole, l’absence d’observation de requin ne peut conduire à aucune interprétation ni sur leur absence ni sur leur présence. 9. La chasse sous-marine dans la réserve est-elle une solution pour limiter la présence des requins ? La présence de chasseurs occupant la colonne d’eau est-elle dissuasive pour les requins ? L’interdiction de la chasse sous-marine ne concerne que la moitié de la réserve marine uniquement. Ainsi, plus de 90 % du littoral de La Réunion est ouvert à cette activité. En exploitant de manière excessive les poissons récifaux de taille commerciale, la pêche sous-marine a été un des premiers facteurs du déséquilibre de l’écosystème corallien dans les décennies 70 et 80. Lors de la pratique de cette activité, le bruits des tirs et les signaux de détresse émis par les poissons blessés attirent les requins. Les attaques sur les chasseurs sous-marins en ont témoigné par le passé. Les résultats du programme CHARC montrent que la zone de type 1 dite du « cône de Saint-Gilles » où la chasse sous-marine est autorisée, est la plus fréquentée par les requins sur toute la côte ouest. 10. Les balises de la réserve font –elles DCP? Les DCP attirent-ils les requins ?
|