Dix ans de relevé quotidien de la température de surface de la mer

  Extrait de la publication A Ten-year Period of Daily Sea Surface Temperature at a Coastal Station in Reunion Island, Indian Ocean (July 1993 – April 2004): Patterns of Variability and Biological Responses (intégral au format pdf)

François Conand 1 , Francis Marsac 2 , Emmanuel Tessier 1 & Chantal Conand 1

1 University of La Reunion, Marine Ecology Laboratory, Av. René Cassin 97715 St Denis, France; 2 Institut de Recherche pour le Développement, Centre de Recherche Halieutique Mediterranenne et Tropicale, Av. Jean Monnet, 34023 Sète cedex, France Western Indian Ocean J. Mar. Sci. Vol. 6, No. 1, pp. 1–16, 2007 © 2007 WIOMSA  

Plan

Les variations quotidiennes
Les effets d'un cyclone

Les variations saisonnières
Des variations en fonction du régime des vents
Des variations en fonction de la profondeur

Evolution de la température annuelle
Une tendance au réchauffement
Corrélations avec le blanchissement corallien
Corrélations avec les prises de thons des pêcheries cotières réunionnaises
Concordance des données avec la zone Océan Indien

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Des relevés quotidiens à la Pointe des Galets

La station est située au niveau de la Pointe des Galets (Le Port), exposée à la haute mer. La température est enregistrée toutes les heures.

L'analyse de ces enregistrements montre que la température moyenne de l'eau est de 25,7°C, avec un maximum de 28°C en février et mars, et un minimum de 23,4°C en septembre. La température la plus basse enregistrée est de 22,3°C en juillet 1993 et la plus haute est de 29,1°C en février 1998 et mars 2004.

 

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Les variations quotidiennes :

L'écart moyen journalier est de 0,5°C. Les températures les plus basses sont enregistrées entre 6 et 8h du matin et les plus hautes entre 15h et 18h. Les variations quotidiennes sont plus marquées en été où elles peuvent atteindre 0,75°C qu'en hiver où elles peuvent n'être au minimum que de 0,25C°. Ces écarts sont beaucoup plus faibles qu'en lagon où ils peuvent atteindre jusqu'à 5°C avec notamment des températures plus basses le matin.

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Les effets d'un cyclone

Des anomalies positives sont à relier avec des périodes de calme accompagnée de fortes insolations. Au contraire des anomalies négatives peuvent être causées par des cyclones ou par des fortes pluies. Ainsi, au cours de l'été 2002, le cyclone Dina dont l'œil est passé à 30 km des côtes réunionnaises, a entraîné une chute brutale de la température de surface de 2,4°C en 2 jours. La T°C est restée en dessous des normales saisonnières pendant 9 jours : l'activité cyclonique est responsable d'un brassage brutal de l'eau en profondeur, de pluies abondantes accompagnées d'une diminution de l'insolation, autant de facteurs concourant à la diminution de la température.

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Les variations saisonnières

Elles permettent de définir clairement la saison chaude de janvier à avril et la saison fraîche de juillet à octobre et les intersaisons correspondantes..

Des variations en fonction du régime des vents

La comparaison de l'évolution annuelle de la force exercée sur la surface de l'Océan par le vent (Stress Wind) montre que le minimum et le maximum de vent précèdent de deux mois respectivement le maximum et le minimum thermique.

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Des variations en profondeur selon la saison

Les variations saisonnières affectent les 100 premiers mètres de la colonne d'eau : en été la hauteur de la colonne d'eau qui est affectée par des échanges est de 45 m et en hiver de 100m : En effet le régime des vents en hiver permet un brassage important de l'eau intéressant une colonne d'eau de 100 de profondeur. Alors qu'en été le ralentissement du vent permet la formation d'une couche d'eau chaude d'une 50aine de mètres et donc l'installation d'une thermocline.

Le gradient de la température de la thermocline est de 1,8°C/10m en été et de 0 ,5°C/10m en hiver. Au-delà des 100m, la température de l'eau ne varie pas avec les saisons.

La destruction de la couche d'eau chaude par les cyclones explique la chute brutale de température.

Des anomalies négatives de la température ont pu être corrélées à un renforcement du régime des vents sur l'ensemble du bassin. On peut également évoquer des remontées de masses d'eau froide des régions australes.

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Evolution de la température annuelle

Une tendance au réchauffement

Au cours de ces 10 dernières années, une augmentation de la température de surface se dessine avec une vitesse de 0,088°C par an pour l'été et de 0,05°C par an en hiver (soit une augmentation globale en 10 ans de 0,9°C en été, de 0,5 °C en hiver et de 1°C pendant les intersaisons). De telles oscillations décennales ou multidécennales de la température ont déjà été observées et reconnues notamment en étudiant la croissance des coraux.

Corrélations avec le blanchissement corallien

Les périodes de blanchissement corallien ont eu lieu en 1998, 2001, 2003 et 2004. Le stress thermique est l'un des principaux facteurs responsables du blanchissement. Ces épisodes sont corrélés avec des anomalies positives de la température. Les années 2003 et 2004 correspondent à une augmentation de la température de 1 et 1,5°C. Un autre facteur important à prendre en compte est la durée du réchauffement. A ce titre l'étude des anomalies positives à travers des courbes cumulatives qui intègrent la notion de temps permettent de comprendre le déclenchement des épisodes de blanchissement.

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Corrélations avec les prises de thons des pêcheries cotières réunionnaises

L'étude à porter également sur l'impact des anomalies thermiques sur la pêche. Des données ont été récoltées sur la pêche aux Thons car pratiquées dans les eaux proches de La Réunion et parce qu'elle représente 72% des pêcheries de pélagiques. Le plus important est le Thon jaune ( Thunnus albacores ) avec 320T/an ; deux autres espèces ont été étudiées : l'albacore ( Thunnus alalonga ) et la Bonite ( Euthynnis affinis ). Le maximum de rendement des pêcheries artisanales pour ces espèces se situe pendant la saison chaude (Janvier à avril pour le thon jaune, Novembre à janvier pour l' albacore and Novembre à février pour la bonite).

. Les anomalies de la température s'accompagnent d'une modification des prises de Thon jaune et de bonite mais sont sans répercussion sur les prises de d'albacore. Les prises augmentent lors d'anomalies thermiques négatives et diminuent lors d'anomalies thermiques positives. L'explication est à rechercher d'une part dans le fait que les anomalies thermiques sont à relier avec une plus ou moins grande agitation de l'eau : le mélange de l‘eau favorise l'apport en éléments minéraux au niveau de la zone éclairée et favorise le développement de la chaîne alimentaire et donc le développement des prédateurs comme les thons. En revanche, une augmentation de la température ne favorise pas les échanges avec les couches plus profondes et, appauvrie en éléments minéraux, elles ont une productivité plus faible. La différence de sensibilité des espèces peut s'expliquer par leur biologie : l'Albacore évolue dans des couches d'eau plus profondes et est moins sensible aux variations des couches superficielles.

CPUE : effort de pêche calculé en divisant la quantité de poissons pêchée par mois par le nombre de bateaux en considérant qu'ils ont tous la même efficacité

Le réchauffement global peut faire craindre sur le long terme une diminution de la ressource pour les pêcheries côtières mais la surpêche joue un rôle de toute première importance dans cette tendance.

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Concordance des données avec la zone Océan Indien

Enfin, on peut se demander quelle valeur globale donner à cette étude. La comparaison effectuée avec les 46 autres stations de l'océan Indien montre un bon niveau de corrélation sauf pour 6 situées dans le nord de L'Océan Indien (Mer d'Andaman et sur de la Mer d'Arabie).

Traduction et adaptation : F. Trentin

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