Connaissances des sites de pontes des tortues marines à la Réunion | |||||
Dans le cadre des "Mille Défis pour ma Planète", 4 groupes d’une vingtaine d’élèves de 5ème du Collège de la Pointe des Châteaux (St Leu) sous la direction de Pascale Bontoux, professeur de Sciences de la Vie et de la Terre ont réalisé ce travail, au cours des deux dernières années scolaires, Il a été présenté à Exposciences 2000 et au Centre d’études et de Découverte des tortues marines, à St Leu. On rencontre deux espèces de tortues marines à la réunion : la tortue à écailles (Eretmochelys imbricata), petite tortue carnivore, et la tortue franche ou tortue verte (Chelonia mydas), de plus grande taille et qui est herbivore (cf. tableau).
Les tortues marines à la Réunion au fil du temps Au XVIème siècle, les récits des navigateurs nous prouvent la présence, à La Réunion, d’importantes populations de tortues marines. Utilisées comme source de nourriture, les navigateurs et les colons de l’époque prélevèrent abondamment dans cette réserve si bien que dès le début du XVIIIème, elles se raréfièrent. Ces reptiles ont déserté nos rivages au fur et à mesure du peuplement de l’île, probablement victimes de la surpêche mais également à cause d’une trop forte fréquentation du littoral par les populations humaines.
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Les pontes récentes de tortues marines sont rares à la réunion | ![]() |
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A maturité sexuelle, la tortue franche parcourt, tous les 3 ans, la distance d’environ 2000 Km, qui sépare son aire d’alimentation de celle de reproduction. Arrivée dans la zone de reproduction, elle s’accouple en mer. La ponte a lieu la nuit, à marée haute. La tortue monte sur le sable pour creuser un trou de 70cm de profondeur au niveau du haut de la plage. Là, elle y déposera 100 à 200 ufs qu’elle recouvrira de sable avant de regagner la mer. Cette opération lui prend au total 7 heures. Une même femelle peut monter pondre jusqu’à 11 fois dans la même saison. La ponte est un moment périlleux car le chemin du retour à la mer peut être parsemé d’embûches pour ce lourd animal qui doit fuir les ardeurs mortelles du soleil. Deux mois après la ponte, c’est l’éclosion qui a lieu la nuit après une chute de la température au niveau du nid. Le reflet de la lune guide les petites tortues vers la mer. Mais elles doivent faire face à de nombreux prédateurs tant terrestres que marins. On estime à 1 pour 1000 le taux de survie dans la nature. Les pontes récentes de tortues marines sont des phénomènes si exceptionnels à la Réunion qu’ils sont relatés dans les journaux. :
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Pourquoi les tortues ne pondent-elles plus que très rarement à la Réunion? | ![]() |
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Le très faible nombre de ponte est à mettre en relation avec d’une part la faiblesse des effectifs des tortues marines à la Réunion mais également avec l’urbanisation et la fréquentation toujours croissantes du littoral. Les femelles ne montent pas pondre sur les plages du fait du bruit et de la lumière. Les petites tortues qui sortent du nid sont attirées par les éclairages artificiels et ne trouvent pas le chemin de la mer. Du fait de l’aménagement du littoral, les sites de ponte se sont raréfiés. | |||||
Réhabiliter un site de ponte | ![]() |
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L'idée d’aménager un site est favorablement accueillie par la majorité des personnes interrogée. Si le projet est séduisant, l’urbanisation toujours croissante du littoral réunionnais et les axes prioritaires du développement à La Réunion laissent douter de sa faisabilité. Quelques pessimistes pensent que ce projet est complètement utopique et qu’il serait préférable de concentrer tous les efforts sur les sites de ponte existants. Leur nombre se réduit chaque année, les plages étant de moins en moins accessibles aux tortues. Seules des îles inhabitées comme Tromelin et Europa restent des sites privilégiés. Même si la mise en place d’un tel projet relève d’un véritable défi, il serait souhaitable que la Réunion qui a été un lieu de prédilection pour la reproduction des tortues marines, puisse à nouveau offrir à celles ci la possibilité de se reproduire sur ses côtes. C’est en tout cas le souhait des élèves de l’atelier qui à travers celui-ci ont pu prendre conscience de certaines conséquences d’actes individuels et collectifs sur l’équilibre fragile des espèces et s’approprier la notion de solidarité et de responsabilité à l’égard de l’environnement. C’est également un projet du Centre d’études et de Découverte des Tortues Marines qui a lancé l’opération " Histoire et réhabilitation des sites de ponte à la Réunion " dont l’objectif est de mieux connaître l’histoire et les " habitudes " des tortues marines aux abords de nos côtes mais également de " concilier " le site de reproduction avec un développement " maîtrisé des activités littorales touristiques et de loisirs ". Les élèves ont participé à cette opération tout comme Corinne Dambreville qui dans son mémoire de maîtrise de géographie (Septembre 1999) intitulé " Etude descriptive d’éventuels sites de reproduction de la tortue verte sur les côtes Ouest et Sud de la Réunion " retrace l’historique des pontes de tortues marines à la Réunion et définit les caractères des plages Occidentales et Méridionales de l’île de la Réunion selon des critères morphologiques et anthropiques. Si l’idée de réhabilitation devait faire son chemin, la première difficulté est de rechercher le site favorable à un tel projet. Les plages de sables sont peu nombreuses (17% du littoral réunionnais) et présentent des contraintes (présence de la RN1, d’aménagements urbains, de sable noir,..). D’autre part, les plages fréquentées autrefois par les tortues sont mal connues (d’où l’intérêt de faire appel à la mémoire collective). Au travers de cette étude, les jeunes se sont rendu compte de la difficulté à recueillir des informations, de la nécessité de posséder une base scientifique solide sur le problème avant d’engager une action et de la complexité pour réussir à mettre en uvre des solutions acceptables par tous. |