LA PONTE DES CORAUX


UN MYSTÈRE ENFIN ÉCLAIRCI par Nicole Crestey

Paradoxalement, il y a 20 ans, la systématique des coraux était bien avancée et l’on connaissait bien la structure et le fonctionnement de leurs récifs, mais les modalités de leur reproduction étaient encore assez obscures. En effet, ce n’est qu’en 1981 que fut observée la ponte des coraux dans leur milieu pour la première fois. Et pour cause ! La majorité des espèces de coraux se reproduisent uniquement pendant un temps très court, 5 ou 6 jours par an seulement... La brièveté de cette ponte et son caractère nocturne sont certainement les raisons de cette longue ignorance. A la Réunion, Maurice Parmantier a observé le phénomène régulièrement depuis 91 :

Il y a plusieurs épisodes, plus ou moins massifs, de ponte simultanée par an. Les scientifiques en sont encore au stade des hypothèses pour tenter d’évaluer l’influence des facteurs du milieu sur la synchronisation de ce phénomène : température de l’eau, phase de la lune, cœfficient de la marée? Les paris sont ouverts pour les pleines lunes du 16 octobre 2001 et du 15 novembre 2001.

DES MODALITÉS DE REPRODUCTION VARIÉES

Chez les Pocilloporidés, hermaphrodites, la fécondation se produit dans la cavité gastrique et la larve seule est libérée.

Les Acropora, également hermaphrodites, libèrent des agrégats mixtes d’ovules enfermant une petite quantité de sperme d’où un aspect irrégulier, en grappes, des produits sexuels observés à la loupe ou au microscope et l’apparente absence de sperme.

Les Favites, encore hermaphrodites, émettent, quant à eux, successivement des jets d’ovules puis de sperme.

Chez les Fungidés, les sexes sont séparés. Ils font partie de la catégorie plus exceptionnelle des coraux dioïques.

CE PHÉNOMÈNE SE DÉROULE-T-IL DE FAÇON SYNCHRONE DANS TOUT L’OCÉAN INDIEN AUSTRAL ?

Dans l’état de Western Australia, on observe des récifs coralliens depuis les îles Ashmore (1) dans la Mer de Timor (12° S) jusque dans les Abrolhos (2) (29° S), et même au large d’Espérance (3) (34° S). Le développement des récifs coralliens au sud de la zone tropicale s’expliquerait par le courant chaud de Leeuwin qui réchauffe les eaux littorales pendant l’automne et l’hiver. Pendant les épisodes " El Niño " ce courant a tendance à s’affaiblir. Du nord aux Kimberley, jusqu’aux Abrolhos, cet événement se produit la 8ème ou 9ème nuit après la pleine lune de mars, parfois d’avril alors que sur la Grande Barrière, au Queensland, la ponte massive se produit au printemps ou au début de l’été comme à la Réunion.


 

Sources :            Maurice Parmantier
L’Univers du Vivant n° 21 juin 1987
Western Australian Museum Perth

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