Voici un conte écrit par Françoise André qui peut servir de point de départ à une sensibilisation des enfants de maternelle et du primaire à la protection du lagon. Il pourrait motiver les enfants pour la réalisation d’une illustration, de dessins. L’instituteur pourrait ensuit faire des transparents ou des panneaux à partir de ces dessins et laisser les enfants refaire leur conte et s’exprimer selon leur sensibilité. Ils pourraient utiliser les transparents pour réaliser un spectacle de fin d’année ou un album (de coloriage) ou une exposition...



Vous, jeunes amis qui passez vos vacances au bord de la mer, écoutez la triste histoire que Chloé m’a racontée en cette nuit magique de Noël quand pour quelques instants , les bêtes parlent la langue des hommes.

Mémoires de Chloé

"Je m’appelle Chloé et je suis une jolie demoiselle toute noire, aux nageoires brillantes ; j’habite avec ma famille Pomacentridé dans le lagon de St Pierre, en parfaite symbiose avec Arthur, le corail rose. (Arthur est bien plus vieux que moi : il a au moins quinze ans mais il n’a pas encore pondu). Nous passions notre temps à jouer à cache-cache et à nous poursuivre et Arthur avait du mal à s’empêcher de rire quand, en passant trop près, on le chatouillait d’un coup de queue trop vif. Quelquefois, j’allais voir mes neveux et nièces dans la nursery que ma sœur, La Grande Mademoiselle avait aménagée sous une branche de corail, mais elle me chassait vite : c’est une grande jalouse !

Arthur était vraiment un ami précieux ; quand on avait bien brouté les algues toutes petites mais délicieuses qui le tapissaient, il nous offrait en dessert de minuscules crustacés et alors, c’était la fête. Bref, il nous servait de garde-manger et de chambre à coucher. Tout allait bien quand la première catastrophe est arrivée.

Ce jour-là, l’eau était limpide, le soleil perçait ses rayons jusqu’au cœur du lagon et la journée s’annonçait sereine quand on a vu surgir un être monstrueux avec une drôle de nageoire caudale horrible, rose et bifide qui faisait de gros bouillons. Je ne savais pas alors, que certains humains étaient ainsi ; c’est maman qui me l’a expliqué après. Moi je me suis sauvée, mais Arthur, le pauvre, il n’a rien pu faire : j’ai entendu le hurlement de douleur qu’il a poussé quand la créature l’a piétiné et amputé de trois branches, celles qui abritaient la nursery. Nous étions tous consternés et même le spirobranche, pourtant si bavard, a fermé son clapet. Arthur était mauve de souffrance mais je l’ai soigné en suçotant les petites bêtes qui empêchaient ses blessures de guérir et je l’ai longuement caressé avec ma nageoire dorsale. Arthur allait un peu mieux et même il reprenait de jolies couleurs roses quand la deuxième catastrophe est survenue.

Au fil de l’eau dérivait un sac que les humains nomment "plastique" parce qu’il peut prendre toutes les formes. Le sac s’est collé sur Arthur et l’a enveloppé si fort et si serré que le malheureux ne pouvait plus ni respirer, ni manger, ni recevoir les rayons du soleil. De lui ne restaient que trois branches qui lançaient des S.O.S. dans le langage des coraux : il était devenu violet de souffrance et longtemps il faisait encore "aïe".

Mes sœurs et moi, nous avons essayé de le libérer, mais en vain ; les branches prisonnières ont viré au beige sale mais Arthur avait une volonté de vivre incroyable.

Je n’ai pas revu Arthur jusqu’à la troisième catastrophe parce que mes parents ayant jugé l’abri peu sûr, avaient déménagé près de la barrière de corail ; mais un jour je suis allée lui rendre visite ; c’était après une grosse tempête, beaucoup d’eau était tombée du ciel et le lagon avait pris sa sinistre teinte marron. Plus j’approchais d’Arthur, plus j’avais mal à la tête et plus je toussais; quand je suis arrivée, il était trop tard : l’eau-qui-descend-de-la-montagne avait eu raison de lui... Il était mort et déjà palissait ; tout autour de lui, c‘était le désert...

Moi, je suis repartie, très vite parce que la mer empoisonnée me faisait mal partout..."

Et puis Chloé s’est approchée de moi et elle a ajouté : "Dis, tu ne pourrais expliquer aux autres humains qu’ils nous font beaucoup de mal et que bientôt toute créature vivante aura disparu du lagon ?"

Je vous vois jeunes, bouleversés par cette désolante histoire, toute vraie, je le jure.

Alors, comment peut-on aider Chloé tant qu’il est encore temps ?

Françoise André
Professeur de Lettres modernes au Lycée A. Vollard ; St Pierre.

Si ce projet vous intéresse, contactez-nous

Page d'accueil