A petits pas, petits pas,

où sa nou sa va ?



Le lagon de St Pierre est certainement l’un des plus menacé de l’île. Il est en particulier l’exutoire des eaux pluviales qui ont lessivé une ville de plus de 50 000 habitants et dont l’urbanisation ne cesse de croître. Cela nul ne peut le nier. La lutte contre ce type de pollution n’est pas chose aisée. Elle fait déjà l’objet de recherches de solutions qui demandent de gros efforts d’investissement aux communes concernées. La réponse idéale n’est certainement pas pour demain.

Est-ce pour autant que d’autres actions qui ne sont pas non plus innocentes dans les processus de dépérissement du corail doivent être sous estimées sous prétexte qu’elles relèvent de vieilles habitudes ?

Réfléchissons sur l’une d’entre elles, la " marche à pied " dans les lagons pratiquée pour des objectifs très divers :

Le lagon de Saint Pierre est un espace de 200 m de large pour une longueur de 1500 m environ, soit 300 000 m2.

La surface d’un pas d’un adulte chaussé peut être évaluée à 10cm sur 30cm soit 0,03 m2. La moitié de la surface du lagon de Saint Pierre ce qui correspond approximativement à la surface du platier, représente par conséquent 5 millions de pas (1/2 de la surface du lagon divisée par la surface d’un pas).

Admettons que dans une année il y ait 300 jours disponibles, il faudrait donc 16 600 pas par jour pour couvrir cette surface

Une personne qui irait jusqu’à la barrière (soit 400 m aller- retour), effectue 500 pas. Imaginons qu’elle musarde une heure environ près de la barrière, soit 300 pas supplémentaires d’où un total de 800 pas pour cette personne.

Il suffit donc d’une vingtaine de personnes pour piétiner la moitié du lagon de Saint Pierre en un an à ce rythme...

Mais, il y a des périodes, de grandes marées basses par exemple, où ce nombre de personnes et le rythme de piétinement augmentent considérablement.

Bien entendu, il y a ceux qui vous diront pouvoir éviter systématiquement les coraux en vie en marchant sur les zones dégagées. C’est oublier que là où la place est disponible de minuscules larves coralliennes s’installent et d’aussi minuscules bourgeons voudraient bien se développer… Quelle chance laisse-t-on ainsi aux coraux ?

Nos récifs coralliens pourraient peut-être supporter le lessivage polluant de quelques toitures, de quelques rues et de quelques autres aménagements urbains. De la même manière, il pourrait peut-être résister au piétinement raisonnable de quelques personnes. Justement où est le raisonnable quand la démographie et l’urbanisation sont galopantes ? Où est la limite ? Questions auxquelles il est impossible actuellement de répondre.

Une chose est sûre, s’il n’y a pas une volonté réelle de certains usagers à décider aujourd’hui de se limiter dans l’usage des espaces coralliens, la réponse attendue prendra un fort goût de "bien trop tard".

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